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Cette semaine: 19&20 Mai 2000
: Paracha Behar
Allumage: entre 19h27& 20h39
Fin :21h44

LE CHABBAT


Commentaire de la Paracha par le grand Rabbin Ouaknine de Marseille:

CHABBAT BEHAR

POUR UN NOUVEAU SIONISME

" Exécutez mes prescriptions, observez et pratiquez mes Lois et vous demeurerez dans le pays en sécurité " Levitique 25/18. La Loi de l'année Chabbatique (La Chemitah) est un acte de foi pur - en restituant la terre à D.ieu, par le chômage imposé à la terre d'Israël, le paysan juif prend conscience que sa nourriture ne dépend pas uniquement de son travail, mais de la bénédiction divine.

La Chemitah a ceci de commun avec l'observance du Chabbath que chaque semaine, tous deux renforcent notre croyance que le peuple juif est un peuple saint. Le concept de Sainteté englobe toute idée de séparation. " Quand vous serez arrivés dans le pays que je vous donne, la terre se reposera et observera un chômage en l'honneur de l'Eternel " Levitique 25/2. La terre sera laissée en jachère, non pour des considérations agricoles de productivité, mais uniquement pour accomplir la volonté de D.ieu. L'année Chabbatique est donc un hommage à l'Eternel.

La relation du peuplejuif à sa terre est d'emblée définie dans la loi de la Chemitah. La terre appartient à D.ieu. Elle est confiée àla jouissance du peuple juif à une condition : elle exige une vie sainte de ceux qui demeurent sur elle et l'exploitent. Elle ne tolère pas une population menant une vie vide de sainteté car alors elle " vomit " ses habitants.

LE SIONISME RELIGIEUX Le sionisme religieux commence avec Abraham. Il quite Ur en Chaldée et " Fait sa Alyah ", il émigre vers " la terre que je t'indiquerai " et qui devint très vite la Terre Promise à Abraham, d'abord, puis à Itshak et à Yaakov et leurs descendants. Les enfants d'Israël asservis en Egypte se transmettent le message de père en fils et de génération en génération. " Quand l'Eternel nous aura fait sortir d'Egypte, il nous conduira vers la Terre Promise ". Cette espérance sioniste est exprimée clairement dans le Psaume 137, lorsque les Judéens se trouvent exilés en Babylonie et tournent leurs regards trois fois pas jour vers Sion et Jérusalem. " Si je t'oublie Jérusalem que ma droit m'oublie... ". Ce sionisme d'inspiration religieuse animera les Communautés Juives dispersées de par le monde tout au long de près de deux millénaires. Chaque juif a conscience de son exil. Le soir du Seder chaque enfant entend sur refrain prononcé avec ferveur " LECHANAH Habah-ah birouchalaim " l'année prochaine à Jérusalem.

Le sionisme religieux est gravé au plus profond du coeur de chaque juif et se confond avec l'espérance messianique qui se traduira justement par le rassemblement des exilés sur la terre ancestrale. Ce retour à Sion, dans la conscience juive, n'est pas une fin en soi, mais le moyen de revoir la présence divine se manifester sur terre parmi les hommes. " Vetehezena enenou bechouvkha le Tsion Berahamim ". Ce sionisme a soutenu les juifs tout au long de la nuitde l'exil, malgré les persécutions, les spoliations, les expulsions, les pérégrinations d'une entrée hostiles à une autre contrée moinshostile - " La halakha prévoit de fixer une Mezouzah à sa maison dans un délai de trente jours, alors qu'en Israel ce délai est inexistant. Cette différence est expliquée par le fait que l'installation en Galouth a toujours un caractère précaire, provisoire.

A partir du 19e siécle, certains théoriciens ont considéré que ce sionisme au niveau de l'espérance jamais réalisée a fini par associer la religion à la Galouth. La pratiquereligieuse, l'observance des Mitzvoth étaitle seul refuge pour tous ces juifs soumis àleur tristeet passif sort devant le déferlement violent de l'histoire. L'histoire juive étaitdevenue une succession de malheurs, d'épreuves et de pleurs, comme des faits inéluctables.

LE SIONISME POLITIQUE ET SOCIAL Le monde évolue, les juifs sont plus ou moins émancipés. Ils sont en tout cas influencés par les idées révolutionnaires et les bouleversements qui agitent l'humanité. Certains tenant de la nouvelle idéologie trouvent la source de tousles maux qui fondent sur le peuple juif dans le fait d'être une minorité parmi les populations des pays de leur exil. Cette anomalie peut être corrigée ; il suffit de normaliser le peuple en le dotant d'un pays à lui où il pourrait assumer son destin.. Il faut donc mettre fin à la Galouth, à l'exil, donc commercer par prendre de la distance avec la religion. Comme l'exprimera Théodore Herzl, le pays d'Israel est d'abord un refuge pour le peuple juif, et le rassemblement dans son pays réalisera la normalisation du peuple. D'ailleurs, devant ladifficulté à obtenir la Palestine pource foyer juif - Herzl n'accorde qu'une importance secondaire à la Terre Sainte - Il est prêt à accepter l'Ouganda ou toute autre contrée pourvu que le peuple d'Israel ait un pays comme tout le monde afin de mettre un terme à son exil, source de tous ces malheurs. Les sionistes politiques seront davantage préoccupés par les idées socialistes, l'autoémancipation, la normalisation que par l'espérance messianique ayant animé le coeur de nos ancêtres. L'urgence était de sauver physiquement les juifs de l'extermination.

La Shoa est venue leur donner raison, en quelque sorte, si les juif avaient compris le danger quiles guettai dans la Galouth, ils auraient vite fait de retourner à Sion. Il est évident que les sionistes n'ont pas fait table rase de l'histoire juive, mais l'approche est devenue différente : la religion juive est devenue la culture juive, vidée de tout contenu spirituel. Le développement de ces deux courants, le religieix et le laic s'enchevêtrant sans cesse, se heurtant parfois, n'a jamais pris l'aspect d'une véritable bataille rangée et pour cause, la pression de l'extérieur était trop forte. Cette même pression existe encore aujourd'hui, elle s'appelle la sécurité d'Israel. Le problème de l'existence d'Israel est devenu une priorité pour tous et a crée un mouvement d'unité nationale, un concensus admis par tous ayant permis le miracle de la cohabitation pacifique entre toutes les tendances unies devant le danger. Le soucis d'accueillir les juifs menacés dans leur vie de par le monde était une préoccupation urgente et supplémentaire pour resserrer les liens et laisser pour plus tard les questions d'iédologie. actions des hommes peuvent être classées en deux catégories. A - L'action issue d'une initiative de l'homme dépend des conditions dans laquelle elle a été accomplie. B - L'action a une valeur par elle même. A la limite elle a une existence propre indépendante de celui qui l'accomplit. Pour illustrer cette classification nos sages donnent l'exemple d'un travail interdit le jour du Chabbath et la responsabilité de l'homme au niveau d'un dommage causé par lui. En ce qui concerne le Chabbat, l'action en elle même ne présente aucun caractère de prohibition, ni du point de vue moral, ni du point de vue social. Si je fais du feu le Chabbath, je ne nuis à personne. La faute en revient à l'homme, car la Torah a voulu que l'homme se repose en l'honneur de l'Eternel et s'abstienne de tout travail. Le travail en soi n'est pas le " mal ", l'interdit porte uniquement sur l'homme ; la preuve est que ce même travail peut être accompli la veille du Chabbath ou juste après le Chabbath ou en semaine, sans aucun inconvénient. Tandis qu'en ce qui concerne un dommage causé à son prochain, l'action elle-même est répréhensible quel que soit le moment où je l'accomplis, par exemple, si je mets le feu à la demeure de mon voisin. L'action n'est attribuée à son auteur que pour déterminer les responsabilités, désigner le coupable selon les lois du pays. C'est la loi qui définit la relation entre l'action et son auteur en terme de responsabilité. Le but de la Loi est d'éviter toute action destructrice. Pour que l'ordre public soit sauvegardé, il faut observer le code de la route, respecter les biens de son prochain etc ... CHAMAI et HILLEL

Toutes ces actions, de quelque nature qu'elles soient, sont sous-tendues par une pensée. Le Tribunal humain ne peut condamner un individu sur le seul fait de ses pensées, seul le Tribunal Céleste peut sonder le coeur et les reins et connaitre l'intention coupable de l'auteur du méfait lui même ; le Tribunal humain ne peut sanctionner que la concrérisation de la pensée, c'est-à-dire l'action. Nos Sages sont donc divisés face à ce problème dont les conséquences immédiates se traduisent au niveau d'une délégation de pouvoir. En effet qui doit-on tenir pour responsable, celui qui pense le mal et en donne l'ordre ou celui qui l'exécute On voit déjà l'importance d'une telle interrogation quand on pense par exemple au procés de Nuremberg au cours duquel les dignitaires nazis affirmaient : " Nous ne faisons qu'exécuter les ordres ", dégageant ainsi toute leur responsabilité dans les crimes sans nom commis contre les juifs et les autres victimes du nazisme.. Chamaï pense qu'il existe cette notion de " Chaliah lidvar avéra ". Lorsqu'un homme commandite une action, il en est responsable même s'il ne l'exécute pas lui-même, sa pensée a tellement de force qu'on peut lui attribuer l'action réalisée par quelqu'un d'autre. Hillel pense le contraire et n'attribue la responsabilité d'une action qu'à celui qui l'accomplit (Kedouchin 42). La conséquence immédiate d'une telle problématique est la suivante : Comment considérer une action faite par inadvertance, sans aucune intention de l'accomplir ? Si nous admettons qu'une action devient indépendante de son auteur ou de celui qui la conçoit, cette action devient répréhensible quelles que soient les circonstances. Qu'il y ait intention ou pas, que l'on sache que cette action soit bonne ou mauvaise, aucune circonstance n'est atténuante, l'essentiel est devant nous : l'action tangible, palpable, quantifiable. Ainsi Au niveau de la sanctification du Nom de D.ieu ou de sa profanation, seule l'action compte, celle qui est visible par tous. La Michna des Pirké Avoth, va plus loin à ce sujet : " Celui qui profane le nom de D.ieu en cachette sera puni publiquement ". On tient compte essentiellement du résultat, à savoir la profanation du Nom de D.ieu. quelle que soit cette action. C'est pourquoi il est dit - " Vous ne profanerez pas le nom de ma sainteté " - sous entendu par n'importe quel moyen. Nos Sages n'ont retenu au niveau de la Halaka que l'opinion de Hillel " Ein Chliah lidvar avera " - " On ne peut pas déléguer ses pouvoirs pour commettre un délit ", c'est-à-dire, seul l'auteur de l'action est responsable. Quant à la pensée, c'est le Tribunal céleste qui s'en charge. D'ailleurs à ce sujet, il est admis pas nos Sages que l'Eternel associe une bonne pensée à une bonne action pour augmenter les mérites et la récompense de l'homme. L'action seule est visible, elle seule peut être interprêtée, car la pensée inexprimée est inaccessible.

L'EXEMPLE La Parachat EMOR commence par cette phrase Emor el Hacohanim Bené Aharone - " D.ieu dit à Moché : Parle aux Cohanim fils d'Aaron " - Ne savons nous pas que les prêtres sont les fils d'Aaron ? Cette seule précision incite nos Sages à la leçon suivante : ne sont dignes d'êtres des prêtres que des fils d'Aaron, ceux qui ont pour exemple Aaron, qui suivent sa voie et adoptent son comportement. Comment agit Aaron ? Ce que tout le monde peut voir, c'est l'amour pour les enfants d'Israël, pas un amour secret au plus profond de son coeur, mais un amour exprimé, traduit en actes. Aaron courait de maison en maison pour ramener la paix dans les foyers, on le voyait faire des efforts surhumains pour rapprocher les hommes fachés entre eux, pour dissiper des malentendus. Seules des personnes dignes du comportement d'Aaron sont aptes à diriger une communauté. Les vertus d'abnégation, de dévouement, de désintéressement et d'amour des fidèles sont indispensables, pour s'occuper d'un Kahal, que l'on soit Rabbin, Hazan, Chamach, Président ou administrateur. Il nous est aisé de nous rappeler ces trois mots " Hacohanim Bené Aaron " - " Prêtres fils d'Aaron ", qui constitue un programme de vie à méditer et à réaliser. La Torah insiste sur l'exemple, c'est-à-dire, l'image que l'on donne de soi-même. La valeur intrinsèque de l'individu est importante, mais il est tout aussi important de soigner son image. Tout le monde connait le dicton placé sous les photos de nos Sages - " Que tes yeux contemplent les Maitres ". L'image des Maitres doit être suggestive de l'exemple qu'ils donnent. Un Maitre véritable ne peut pas dire " Faites ce que je dis et non ce que je fais " ; ses actions parlent pour lui. Même sa tenue vestimentaire est importante. Certaines personnes s'habillent de façon osée, provocante en toute innoncence en prétendant vouloir être à l'aise, et elles oublient l'image de légèreté et d'indécence. Qu'elles donnent d'elles mêmes. En fait, le peuple juif est un peuple de prêtres. On nous le reproche assez. C'est pourquoi nous devons faire attention à notre comportement. Qu'on le veuille ou non, on nous regarde comme tels , et le monde est exigeant quant à notre comportement de peuple de prêtres. A juste titre d'ailleurs. Nous n'avons ni excuse de la mode, de l'air du temps ou des circonstances. Lorsqu'un juif commet une erreur, lorsque l'Etat d'Israël commet une bavure, tout le monde s'émeut. C'est pourquoi nous ne devons jamais oublier d'être dignes du titre que nous portons, surtout dans nos actions et notre comportement.

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